SYNTHESE DU RAPPORT DE LA BANQUE MONDIALE SUR LA SITUATION ECONOMIQUE DU SENEGAL AVEC M. DEMBELE

Photo d'illustration, prise sur son site internet

INTRODUCTION:
Il faut renforcer les écosystèmes entrepreneuriaux si le Sénégal vaut une croissance durable et résiliente après pandémie. En tout cas, c'est ce qui ressort du Rapport de la Banque Mondiale de Septembre 2022. Rapport qui porte sur la Situation Economique du Sénégal. Composée de deux parties. La première partie du rapport fait le point sur la situation macroéconomique du pays et la deuxième partie sur le système entrepreneuriat du Sénégal. Trois messages clés sont, donc, véhiculés dans ledit rapport. Le premier explique le rebord de l'économie sénégalaise fragilisée par les impacts de la crise ukrainienne, le deuxième message clé c'est l'assurance d'une croissance résiliente et durable et enfin le troisième message le déficit budgétaire détérioré pour une troisième année consécutive.
PARTIE 1:
Le rebord de l'économie sénégalaise a été fragilisé par les impacts de la crise ukrainienne. L'impact qui passe par l'augmentation des prix a été affecté, les moteurs de croissance de l'économie et également les ménages. Pour assurer une croissance résiliente et durable cela est soumis à une condition qui est l'amélioration de la productivité qui, elle-même, passe par l'adoption de nouvelles technologies. Par ailleurs, le déficit budgétaire sera détérioré pour une troisième année consécutive et cela va poser sur la dette et réduire la marge de manœuvre du Sénégal pour faire face à des chocs futurs selon la Banque Mondiale. La croissance a nettement rebondi en 2021 comparé à la situation en 2020. Donc le Sénégal est passé de 1,3 % de croissance en 2020 à 6,1 % de croissance en 2021. Ainsi le rebond a été extraordinaire. Du côté de l'offre, la croissance a été tirée par la production industrielle et les services qui ont augmenté, ont connu une croissance dont des croissances respectives de 10,9% et 5,7% en 2021.
En 2020, l'agriculture a été le facteur de stabilisation qui a
permis à l'économie de faire face plus ou moins à la crise avec un taux de
croissance record de 12,8 %. Du côté de la demande, la croissance a été tirée
par la consommation privée et l'investissement qui ont augmenté de 6 et 7,9 %
en 2021 par rapport à des taux de 2,2 % et 1,7 % en 2020. Malgré ce taux de
croissance le constat est que l'écart de PIB par habitant avec les pays
comparables ne se réduit pas (Côte d'Ivoire, Cameroun, Ghana). En 2022, le
rapport estime que la croissance du Sénégal pourrait être estimée à 4,8 %.
C'est un ralentissement par rapport à l'année 2021. Ce ralentissement est dû au
ralentissement de la demande, de la consommation privée et de l'investissement
qui ont été négativement impactés par l'augmentation des prix induite par la
crise ukrainienne d'après le rapport.
Mais à moyen terme, avec les développements récents des
secteurs miniers le pays s'attend à un booste, donc la production des
extractifs. Il y aura le développement des gisements de pétrole de Sangomar ou
de GTA. Une augmentation de la production d'hydrocarbure qui va booster la
croissance du Sénégal. Le rapport prévoit une croissance de 8 % en 2023 puis
10,5 % en 2024. En ce qui concerne l'inflation, en 2020 le taux déplacement en
moyenne sur l'année était de 2,5 % en 2021. Le pays est passé à 2,2 %. Il faut
noter qu’à partir de fin 2021 les pressions inflationnistes se sont
intensifiées. Mais, selon les derniers chiffres publiés par la direction de
prévisions des études économiques du Sénégal (DPEE) qui fait état d'un taux
d'inflation de 14,1 % en novembre dernier principalement tiré par la hausse des
prix alimentaires de 21,4 %.
Sur l'année 2022 la Banque mondiale pense que le taux
d'inflation du Sénégal pourrait s'établir autour de 8,7 %. Alors le compte
courant au Sénégal est structurellement déficitaire et continue à se creuser.
Le déficit est estimé à 15,3 % par rapport à 13,3 % de l'année dernière. Alors
le déficit du compte courant est occasionné par le déficit de la balance
commerciale. Car le pays exporte des minéraux; l'Or qui représente environ 15 %
des exportations, également les produits chimiques dont le phosphate qui représente
6% des exportations. Le Sénégal exporte des produits alimentaires, le pays a
également des activités de réexportation vers les pays frontaliers et enclavés
tel que le Mali. Donc en 2020 avec l'effet de la pandémie une baisse des
exportations a été constatée. En 2021 les importations sont parties à la hausse
avec l'augmentation des prix des produits pétroliers. En 2022, les exportations
ont continué à augmenter et les activités de réexportation ont baissé.
Le rappel : durant le premier semestre 2022 le Mali
a été sanctionné par l'UEMOA. Le Mali étant l'un des principaux partenaires
commerciaux, donc le Sénégal a été impacté par ces sanctions. Les dépenses
publiques s'étaient normalisées en 2021 mais repartent à la hausse. En 2020,
elles avaient déjà augmenté de 2,4 % dû au plan de riposte pris par le
gouvernement. Les mesures fiscales, les mesures de subvention aux ménages, aux
entreprises, les subventions accordées par l'État, les achats de biens liés à
la gestion de la pandémie. Les dépenses en capital ont été maintenues pour en
soutenir mais en 2021 malgré le début de la normalisation, la Banque Mondiale
constate un retour en 2022 des dépenses publiques qui sont notamment tirées par
des subventions. Ces dépenses ont, donc augmenté. Les dépenses publiques qui
vont se tabler à 27,1 % du PIB en 2022 par rapport à 25,7 % l'année 2021.
Alors que les recettes n'avaient pas retrouvé leur niveau
d'avant mais en 2022 elles seraient
retrouvées avec les recettes qui se sont tablées en 21 % du PIB en 2022
contre 19,4 % du PIB en 2021 selon le rapport. Le solde budgétaire négatif pèse
sur le niveau d'endettement public. Le niveau de la dette publique au Sénégal
est estimé à 75,1 % du PIB pour l'année 2022 et c'est principalement tiré par
l'endettement externe. Le Sénégal s'est doté cependant d'une stratégie de
mobilisation de recettes à moyen terme qui selon la Banque Mondiale pourrait
être la clé de la consolidation fiscale. La stratégie de mobilisation des
recettes à moyen terme du Sénégal se base sur l'élargissement de l'assiette
fiscale, la réduction des exonérations fiscales pour un meilleur ciblage, la
lutte contre l'évasion fiscale et l'optimisation du fonctionnement des régimes.
Il existe néanmoins de risques qui peuvent faire modifier
les prévisions de la Banque Mondiale à court, long et moyen terme pour le pays.
Parmi les risques il y a l'accroissement de tensions géopolitiques
Internationales, l'accroissement des tensions géopolitiques sous régionales,
les risques sanitaires, les risques climatiques avec les inondations que le
Sénégal a connues récemment. Également les risques budgétaires, donc les
mesures de soutien aux ménages dans ce contexte de crise mais qui pèse sur le
déficit du pays et le resserrement des politiques monétaires et l'accès
difficile au financement dans les marchés internationaux et régionaux.
PARTIE 2
FOCUS
THÉMATIQUE: RENFORCER LES ÉCOSYSTÈMES ENTREPRENEURIAUX SUITE À LA PANDÉMIE DE
COVID-19
La pandémie de COVID-19 a perturbé le secteur privé avec des
effets potentiellement de long terme. Mieux comprendre le développement de
cluster d'entreprise peut éclairer les décisions de politique publique pour
soutenir la reprise. Les politiques qui soutiennent l'adoption de technologie
dans des écosystèmes entrepreneuriaux spécifiques sont essentielles pour
soutenir la reprise économique.
Le choc de la COVID 19
sur le secteur privé,
en effet l'impact de cette pandémie sur les industries pourrait avoir des
conséquences durables sur la transformation à long terme. Le covid-19 a eu un
impact négatif sur l'économie réelle. La baisse des ventes en 2020 a été
importante et persistante avec une amélioration progressive. La reprise des
ventes a été lente dans certains secteurs. Les entreprises ont continué à
signaler des perturbations de la chaîne d'approvisionnement et des risques
importants d'insolvabilité. La réaction initiale de l'emploi a été dominée par
une réduction du nombre d'heures de travail et, dans une moindre mesure, des
salaires, mais ces mécanismes d'ajustement ont changé au fur et à mesure que la
crise évoluait.
En ce qui concerne les
écosystèmes entrepreneuriaux stratégiques, avant le COVID 19 le secteur privé était déjà
confronté à des obstacles structurels majeurs. Les écarts entre les facteurs de l'offre et de la demande
reflètent la performance des entreprises. L'amélioration des fondamentaux de la
compétitivité des entreprises, bien qu'essentielle pour la croissance à long
terme, nécessite du temps et des ressources importantes. Les modèles de clusters
d'entreprise ayant un potentiel de croissance supplémentaire important peuvent
aider à identifier les écosystèmes stratégiques d'entrepreneuriat. Dans
l'agro-industrie, les entreprises diversifiées sont concentrés à Dakar et à
Diourbel, alors que celle de qualité se concentrent au sud de la Casamance. La
diversité et la qualité dans les autres chaînes de valeur sont également
principalement concentrées à Dakar et à Diourbel.
Le rôle des écosystèmes
stratégiques dans le soutien de la reprise. En effet, les
chocs survenant dans les régions à écosystèmes multi-qualité sont nettement plus
coûteux pour l'emploi que les chocs survenant dans les régions dotées
d'écosystèmes de mono-qualité. Étant donné l'impact asymétrique des champs sur
les écosystèmes de l'entrepreneuriat, le soutien public pourrait tenir compte
des différences de potentiel entre les écosystèmes. L'agroalimentaire est un
exemple de secteur présentant à la fois des défis et des grands potentiels
d'amélioration de la productivité grâce à de meilleures technologies. En outre
l'entrepreneuriat numérique peut jouer un rôle de catalyseur en stimulant la
compétitivité et la productivité dans tous les secteurs de l'économie. Avant la
pandémie, les entreprises numériques du Sénégal présentaient déjà un plus grand
potentiel de croissance par rapport à la moyenne des entreprises. La pandémie a
accéléré l'adoption et la diffusion des technologies numériques. En réponse à
la crise, les entreprises adoptent les technologies numériques à un rythme sans
précédent. Les entreprises ne se concentrent pas d'adopter les technologies
numériques, elles augmentent aussi l'intensité de leur utilisation. En outre,
les entreprises qui ont adopté les technologies digitales au début du choc
covid-19 ont bénéficié une reprise plus rapide. Des données récentes indiquent
que les entreprises utilisant davantage de technologies Digitales ont également
atteint des niveaux plus élevés de croissance de l'emploi et ont embauché plus
de travailleurs non qualifiés.
Des propositions de
politique pour le court terme et soutenir la reprise. En effet, améliorer l'accès aux
technologies numériques peut conduire à de meilleures performances
entrepreneuriales. En outre, l'impact des technologies numériques sur les
entreprises peut dépendre du secteur. Outre l'infrastructure numérique, les
trois principaux défis à relever pour améliorer l'adoption des technologies par
les entreprises sénégalaises sont les suivants:
1- le manque de connaissances et de capacités des entreprises
2- l'accès au financement
3- l'étroitesse du marché.
ET pour soutenir la reprise, les décideurs disposent d'une série d'instruments politiques à considérer. La mise à niveau technologique des entreprises en particulier les technologies numériques est une première étape importante pour transformer les crises en opportunités. Pour atteindre cet objectif, il faudra une stratégie qui combine des actions visant à améliorer les capacités, l'accès au financement et l'accès aux marchés. Pour réduire le coût de la mise en œuvre et augmenter les chances de retombées, ces politiques publiques pourraient s'étendre progressivement en commençant par les écosystèmes à fort potentiel. La mise en œuvre de ces politiques peut s'appuyer sur une structure existante pour soutenir les entreprises.
La croissance a rebondi vigoureusement en 2021 tandis que les pressions inflationnistes se sont accentuées vers la fin de l'année. La crise de COVID 19 a impacté les efforts de lutte contre la pauvreté au Sénégal. Le déficit budgétaire est resté élevé pour une 2ème année consécutive en 2021. L'endettement public s'est significativement accru depuis 2019. Les pressions extérieures ont continué à augmenter en 2021, avec des importations en hausse. Aussi, la poursuite d'une politique de soutien aux ménages face à la crise a-t-elle maintenu les pressions sur le budget. En 2022, le rebond de l'économie a subi les effets d’un contexte de tensions géopolitiques. Des pressions extérieures qui persistent en raison de la hausse des prix mondiaux due à la guerre en Ukraine, ainsi que des importations en capital liées au secteur des hydrocarbures. Et les perspectives sont très incertaines, avec des risques de baisse substantielle liés aux tensions géopolitiques.
Source : Une partie de ces informations est tirée de la présentation d’Aminatou
Hélène BA, sur ledit rapport lors du Panel « Sur la situation économique du Sénégal »
tenu à l’UCAD mercredi, 21 décembre 2022 à 15h, à l’Auditorium Khaly Amar
Fall. L’autre partie est tirée du rapport du mois de Septembre de la banque mondiale « SUR LA
SITUATION ÉCONOMIQUE AU SÉNÉGAL »
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